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« Un "moulin à vent" installé

sur le toit du hangar à provisions alimente

les batteries du radio amateur.
 

L'énergie est suffisante pour faire

fonctionner aussi un petit poste

radiophonique qui nous permet

d'écouter des émissions musicales

et le bulletin de nouvelles. 

Un luxe! » 

Mary Collin-Kavanagh,

Femme de gardien de phare,

p. 77-79

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Chaque jour, une multitude de tâches occupaient le gardien de phare, qui devait entre autres veiller à entretenir la lumière du phare, la maison-phare, les bâtiments annexes et les dépendances, le poulailler, la glacière, le quai-débarcadère, les trottoirs de bois permettant de traverser les rochers, l'éolienne, la chaloupe... Il devait aussi recueillir le bois de chauffage et l'eau potable, tout en assurant l'approvisionnement de la famille en nourriture auprès de navires visiteurs, en faisant la pêche et la chasse dans les environs de l'île, en élevant quelques poules et une vache pour le lait...
 

« C'était la fin des années quarante, début des années cinquante; la vie sur l'île avait un cachet bien particulier: nous nous éclairions à la lampe à l'huile, nous nous chauffions au bois et accumulions l'eau de pluie dans d'immenses réservoirs pour le boire et le manger puisqu'on n'y trouve pas de source d'eau. Un bateau y arrêtait presque tous les jours, le Jean Brillant ou le Matane qui desservaient les villages entre Baie-Comeau et Sept-Îles, la route n'étant pas encore construite sur la Côte-Nord. Nous recevions le courrier régulièrement (un bureau de poste s'y trouvait) et, parfois, quelques voyageurs, parents ou amis. De temps à autres, mon père se rendait, en chaloupe, au village de Pointe-aux-Anglais pour y faire les "commissions". »

« Des "traders" de Matane venaient, parfois, nous vendre de la viande et des légumes frais. Nous avions l'habitude de garder une vache et quelques poules, pour le lait et les oeufs. Les poissons occupaient une bonne part de notre alimentation: saumons, harengs, flétans et morues... Certains soirs, nous écoutions les émissions musicales...à la radio...Cependant, pas trop de radio, car il fallait ménager les batteries que l'on rechargeait avec des "moulins à vent", qu'on appelle aujourd'hui éoliennes. » L'Île-aux-Oeufs. Entre la légende et la vérité..., Laval Chouinard, Revue d'histoire de la Côte-Nord, No. 16, Mai 1992, pages 14-15.

La maison-phare de l’Île-aux-Oeufs servait de bureau de poste et elle était aussi équipée d’un poste de télégraphie sans fil (TSF) afin de garder un contact entre les phares, les navires et aussi le Ministère. Mon père me disait que sa grand-mère, Élise Fraser Chouinard, s'occupait du télégraphe sans fils du phare.  Il disait qu'elle était «sansfiliste». Plusieurs moyens de communications existaient avec la côte ou avec les bâteaux naviguant dans les parages de l'Île.


« À partir de 1880, les gardiens dont le phare était situé à vue des bateaux savaient aussi se servir de drapeaux pour livrer et recevoir des messages (sémaphore --drapeaux hissés au bout d'un mai), un système encore utilisé durant la Deuxième Guerre mondiale en remplacement de la radio qu'il fallait garder silencieuse... Pour communiquer de la terre ferme avec le gardien de phare... on faisait un feu sur la grève à une heure convenue. Ailleurs, comme à l'île aux Oeufs, le phare vint à être relié à la terre ferme par une câble sous-marin qui aboutissait à un endroit bien précis... À partir des années 1930, quelques-uns des principaux phares disposaient d'un poste T.S.F. Ou “Radio Beacon". Grâce aux ondes, les gardiens pouvaient communiquer entre eux d'utiles renseignements et ils ne se sentaient plus seuls. » Pomerleau, Jeanne, Gens de métiers et d'aventures, «Le gardien de phare».
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


« Avant 1951, le télégraphe sans fil, que nous appelions aussi « radio beacon », est le seul moyen de communication entre les phares et avec le Ministère des transports pour identifier le phare de l'Île-aux-Perroquets. À partir de 1930, c'est la radio "beacon" qui transmet un signal de reconnaissance en "morse" aux bateaux qui naviguent dans le secteur (à toute les six minutes). À l'époque..., ce système sophistiqué de transmission fait partie d'un réseau de stations réparties tout au long du golfe Saint-Laurent pour l'aide à la navigation et s'ajoute au réseau international appelé DECCA. » Mary Collin-Kavanagh, Femme de gardien de phare, p. 77-79
 

Chaque printemps, le bateau ravitailleur du Ministère des transports faisait sa tournée des phares du fleuve et du golfe Saint-Laurent. Les inspecteurs du Ministère faisait escale à l'Île et procèdait à l'inspection du phare, des mécanismes de la lanterne, des dépendances et de tous les équipements de la station-phare: le quai-débarcadère, les trottoirs de bois, le hangar à provisions, la glacière, la citerne pour recueillir l'eau de pluie, la remise pour les produits inflammables et dangereux (kérozène, gazoline et peinture), le "chafaud" pour les agrès de pêche, les cordages, la cuve pour saler le poisson..., le poulailler, les toilettes "closet", le hangar à chaloupe. Le phare de l'Île-aux-Oeufs ne possédait pas de "criard", ni de corne de brume.

Seul moyen de relier l'Île aux villages côtiers de la Côte-Nord, la chaloupe à rames, parfois dotée d'une voile, était un équipement essentiel pour la vie du gardien de phare. Mon père me racontait que le gardien de phare Elzéar Chouinard était "chaloupier" et qu’il construisait ses propres embarcations en bois pour assurer les besoins de ravitaillement de l’Île, le transport des visiteurs, des marchandises et même l'aide aux naufragés.

« Seuls les gardiens des stations insulaires peuvent s'absenter de leur lieu de travail. Ils sont autorisés à traverser sur la terre ferme pour voir, à l'approvisionnement de leur famille, ou encore pour la bonne marche du phare. Bien qu'essentielles à leur survie, ces traversées les exposent souvent à de très grands risques. De fait, les noyades figurent au premier rang des accidents mortels chez les gardiens de phare... » Alain Franck, Naviguer sur le fleuve au temps passé 1860-1960.​

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