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​​« Chaque année,

le 22 du mois d'août,

depuis 1711,

Walker revient
sur l'île aux Oeufs.
»

 

Jean-Claude DUPONT, 

Le fantôme de l'île aux Oeufs,
huile sur toile; 16" x 20", 1994.

 

Extrait du volume: Serge Lambert et Eugen Kedl,
La Côte-Nord, "Les veines d'un pays:
La Moyenne-Côte-Nord" p. 35

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Le fantôme de l'Île-aux-Oeufs

« Depuis la triste aventure de l'amiral Walker qui perdit des navires sur l'île aux Oeufs le 22 du mois d'août 1711, on voit chaque année, par soir de brouillard, apparaître un fantôme au milieu de clameurs sinistres. Ce personnage d'un autre monde serait Walker; il vient déposer des fleurs sur la tombe de sa fiancée noyée lors du naufrage.  C'est à cet endroit, en 1863, qu'un inspecteur de marine, alors qu'il cherchait un navire naufragé, allait vivre une aventure bouleversante. Comme il était sur l'eau accompagné de deux Amérindiens et que l'obscurité se répandit, ils décidèrent de longer le rivage pour éviter de se perdre en mer. Mais, comme il faisait de plus en plus noir, l'inspecteur annonça aux Amérindiens qu'ils allaient descendre à terre et camper pour la nuit. »

« Aussitôt, les Amérindiens s'objectèrent, disant que les lieux ne leur convenaient pas et qu'ils attendraient plutôt le jour en demeurant sur l'eau dans la barque. L'inspecteur en fit donc à sa tête, et d'un saut, il débarqua sur le rivage de l'île aux Oeufs où il ramassa du bois de grève pour allumer un feu. Dès que le bois se mit à flamber et à pétiller, il essaya de trouver une grosse bûche qui se consumerait lentement pendant tout le temps qu'il dormirait enroulé dans une couverture. »

« Finalement, dans la noirceur, il se baissa pour ramasser un bout de tronc sec, mais il s'aperçut qu'il marchait sur un tertre sur lequel une croix se dressait. Hardi malgré toutes les histoires de revenants et de bateaux fantômes qu'il avait entendues à propos de l'île, il s'empara quand même de la bûche. Au moment où il se relevait, la terreur le saisit; une grande main blanche sinistre se dressait devant lui menaçante. Aussitôt, il lâcha la bûche et bondit sur ses pieds en reculant de quelques pas. Au même moment, l'apparition s'évanouit. »

« Orgueilleux, il s'avança et se pencha à nouveau pour saisir la bûche; mais la grande main blanche s'élança encore vers lui. Pris de peur, il tomba sur ses genoux qui s'entrechoquaient. Soudain, il poussa un soupir de soulagement; son feu de camp éclairait suffisamment les alentours pour qu'il puisse comprendre ce qui lui arrivait. Lorsqu'il se baissait pour saisir la bûche de bois, son corps n'obstruait plus l'éclat de son feu qui frappait alors sur un vieux pin déraciné reposant juste à côté de la tombe. Les branches sèches aux allures fantomatiques semblaient alors se mettre en mouvement à mesure que son corps laissait passer les lueurs du brasier. »

Jean-Claude DUPONT, Légendes de la Côte-Nord, Tome II, de Tadoussac à Blanc-Sablon, Éditions J.-C. Dupont, Québec, 1996, pp. 24-25

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Île-aux-Oeufs

« Au mois d'août 1711, l'amiral Walker, parti d'Angleterre à la tête d'une flotte de quatre-vingts vaisseaux, faisait son entrée dans le Saint-Laurent. Un soir calme et humide, après que sa flotille eut doublé la Pointe-aux-Anglais, un brouillard s'étendit sur les eaux. Ne connaissant pas le chenal à suivre pour passer sans encombres à travers ces lieux, il mit en tête le plus gros de ses navires et y installa à la bare un Canadien dont le bateau avait été arraisonné en haute mer et que les soldats avaient enfermé dans la cale. »

« Walker se plaça dans un auvent de la poupe et muni d'un porte-voix, il hurlait à l'équipage les ordres donnés par le Canadien qui avait maintes fois franchi ce passage obstrué par ds rochers à fleurs d'eau. Puis, le brouillard devenant si dense que du gaillard arrière Walker distinguait à peine la proue de son navire, le prisonnier en profita pour se lancer à la mer pour ensuite grimper dans une barque auparavant mise à l'eau. Sans vigie, le convoi glissa lentement, puis s'en alla se fracasser sur les récifs de l'Ile-aux-Oeufs. »

« Seuls quelques soldats survécurent au naufrage; même la fiancée de Walker qui était du voyage périt cette nuit-là. Depuis ce jour, certains soirs, alors que le temps est chaud et humide, on peut apercevoir une grande frégate anglaise amarrée dans le brouillard. On dit que son capitaine est descendu sur l'île déposer des fleurs sur la tombe de sa fiancée enterrée le soir du naufrage. »

Jean-Claude DUPONT, Légendes du Saint-Laurent, Tome II, de l'Île-aux-Coudres à l'Île d'Anticosti, Éditions J.-C. Dupont, Québec, 1985, pp. 38-39

 

Le trésor de l'Île-aux-Oeufs

« Le naufrage de Walker était bien connu des enfants. De plus, nous pensions qu'il aurait laissé un trésor. Que Walker ait eu un trésor à bord du navire amiral est bien plausible, car il devait avoir une bonne somme d'argent pour nourrir la troupe et payer les guides locaux Mais qu'il l'ait laissé sur l'Île-aux-Oeufs relève sûrement de la légende. Mais, quand même, il nous est plus d'une fois arrivé de partir à la recherche de ce trésor! »

« Ce n'était cependant pas pour nous décourager dans nos recherches et des légendes des plus étranges continuaient à nourrir nos rêves. D'après cette légende, Walker, après son naufrage, récupéra, aidé de quelques survivants, des pièces de bois des épaves pour se construire une frêle embarcation afin de retourner à Boston avant l'hiver. L'embarcation en question ne pouvant prendre à son bord que les hommes, il fallut se résoudre à laisser les effets personnels et le fameux trésor sur l'Île-aux-Oeufs pendant l'hiver. On reviendrait, au printemps, avec un bon navire, pour récupérer le tout. L'amiral demanda alors un volontaire pour veiller sur ces précieux objets pendant la dure saison. »« Un officier s'avança et Walker, d'un geste majestueux, sortit son sabre et trancha la tête de l'officier en disant: "Ainsi, je suis certain que tu ne me trahiras pas..."»

« Et, depuis ce jour, les lendemains de tempête de nordet oû la brume est épaisse, et la houle longue, il n'est pas rare de voir un officier de l'armée anglaise, une cape bleue sur les épaules, la main à la hauteur des yeux, debout sur les rochers du large, scruter la brume, pour y découvrir un bateau qui ne viendra jamais plus... Et telle est la légende! »

Laval Chouinard, L'Île-aux-Oeufs. Entre la légende et la vérité..., Revue d'histoire de la Côte-Nord, No.16, Mai 1992, pages 14-15.

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